La chambre d’à côté, Pedro Almodovar

 

La chambre d’à côté, Almodovar

Je ne vous ferai pas l’injure de vous présenter Pedro Almodovar, mais juste vous rappeler qu’il a fêté ses 75 ans à l’automne dernier et que, depuis 1980, le film de ce soir est son 23ème long métrage.

On peut également dire de lui que c’est un cinéaste fidèle : il a souvent tourné avec les mêmes acteurs, chefs opérateurs, il a fait 20 films avec le même monteur, et celui-ci est le 13ème d’affilée dans lequel il collabore avec Alberto Iglesias pour la musique.

Pourtant le film que vous allez voir aujourd’hui marque une rupture dans son œuvre à plusieurs titres :

  • c’est le 1er film qu’il tourne en anglais
  • c’est la 1ère fois qu’il tourne avec Julianne Moore, John Turturo, la 2ème fois avec Tilda Swinton (moyen métrage = la voix humaine)
  • c’est la 1ère fois qu’il travaille avec le chef opérateur Eduard Grau, qui a tenu à conserver le style d’Almodovar, notamment à travers l’utilisation de couleurs très vives et de décors très graphiques. Certains critiques ont pu reprocher au film d’être situé dans un milieu social très privilégié, mais c’est aussi une façon de magnifier le sujet du film.

Venons-en justement au sujet : vous le savez sans doute, il s’agit d’une fin de vie, sous la forme d’un suicide assisté. Le scénario est tiré d’un roman paru en 2020, écrit par Sigrid Nunez, une autrice New yorkaise. Lors de la présentation du film à la Mostra de Venise, Almodovar est apparu aux côtés de Swinton comme un partisan de l’euthanasie. « C’est un film qui défend l’euthanasie », a déclaré le réalisateur lors de la conférence de presse qui a suivi la première projection. « Il s’agit de la liberté personnelle de l’homme, de son droit à ne pas laisser la maladie décider quand la fin est proche, mais à garder lui-même les rênes ». Mais pour Tilda Swinton, c’est avant tout un film sur les vieilles amitiés, « comment elles nous soutiennent et pourquoi nous en avons besoin à ce stade de notre vie »

 

Au final, on retrouvera dans ce film les couleurs d’Almodovar, son amour des actrices, son sens du mélodrame. Avec ce film, le réalisateur a enfin remporté la plus haute distinction d’un grand festival : le lion d’or à la mostra de Venise, alors : le meilleur film d’Almodovar ? A vous de voir !