Histoire de Souleymane, de Boris Lojkine
Boris Lojkine est philosophe de formation, et pas des moindres puisqu’il a été major de promo à l’ENS en 1988. Il a d’abord été enseignant à l’université d’Aix- Marseille, avant de passer à la réalisation de doc suite à un séjour au Vietnam, puis en République démocratique du Congo.
En 2013, il tourne son 1er film de fiction, Hope, histoire d’amour entre 2 migrants fuyant l’Afrique pour rejoindre l’Europe. En 2019 il réalise Camille, film centré sur la vie de Camille Lepage, une photojournaliste en reportage en Centrafrique au moment de la guerre civile.
L’histoire de Souleymane, vous est présenté ce soir en avant-première, il a été présenté à Cannes où il a reçu le prix du jury de la sélection « Un certain regard » alors que l’acteur principal recevait le prix d’interprétation masculin dans la même section.
Le réalisateur souhaitait depuis longtemps faire un film sur ces livreurs à vélo dont beaucoup sont sans papiers, et qui voient Paris sous un angle totalement différent du nôtre : une ville étrangère, aux habitants hostiles, aux policiers menaçants. Dans ce film, l’autre c’est le parisien pressé, le passant ou le fonctionnaire qui se tient face à Souleymane.
Beaucoup d’éléments du film viennent du documentaire :
- sa préparation (il a mené de nombreux entretiens avec les livreurs, que guettent 2 menaces principales : le vol de leur vélo/ l’échec de leur entretien de demande d’asile),
- le choix du chef op.,
- le choix de décors qui ne nécessitent pas d’éclairages.
- Le casting sauvage et le choix d’Abou Sangare, qui n’est pas pro, rencontré à Amiens par le biais d’une association
- L’absence de musique
- La manière de filmer avec du matériel léger et dans le mouvement de la vie (vélos filmés à vélo)
Mais en même temps, il a tenu à mettre en place une dramaturgie plus proche du thriller que de la chronique sociale, notamment grâce à une temporalité resserrée : le film se déroule sur 2 jours, pendant les quels Souleymane n’a pas une minute de répit.
Danièle Mauffrey