Archives de catégorie : Les fiches de présentation des films
Debout les femmes !
Mes frères et moi, de Yohan Mance
Ce soir nous vous présentons un film atypique sur les jeunes de banlieue. Le réalisateur Yohan Manca ne souhaitait pas une approche documentaire. « Je veux montrer , dit-il, ce qu’il y a de beau et de romanesque dans les quartiers populaires. » On n’entendra pas de rap mais des airs d’opéra de Verdi , de Donizetti et la très belle musique composée pour le film par le Libanais Bachar Mar-Khalife.
Après seulement 3 courts-métrages, Yohan Manca, qui est aussi comédien et metteur en scène de théâtre, réalise son 1er long métrage, choisi au festival de Cannes de l’an dernier dans la catégorie « Un certain regard ». Il l’a tourné en 16mm; il n’a pas voulu utiliser le numérique, la pellicule contribuant à restituer un point de vue doux et poétique.
Yohan Manca n’a pas fréquenté d’école de cinéma, il a gardé en tête les mots de : » pour apprendre à faire du cinéma regardez les films » . Suivant ces conseils , il est allé admirer les films de Fellini, de Scola. Ses sources d’inspiration se situent dans les banlieues italiennes des années 60-70. Sa référence à la comédie italienne est évidente. Il a arrêté l’école assez tôt, mais n’a pas oublié le professeur de français qui lui a fait découvrir le théâtre à 14 ans. « Ce professeur a changé ma vie dit-il ». Pour ce 1er film, son souhait est de concentrer toute l’attention du spectateur sur « l’art qui sauve dit-il, sur l’art qui peut pulvériser les frontières ». Il choisit l’opéra, considéré, à tort , comme élitiste mais qui compte de nombreux amateurs dans les milieux populaires surtout si les racines familiales sont italiennes. D’origine espagnole par sa mère, italienne par son père, le réalisateur a vécu dans une famille où la musique avait toute sa place , mais dit-il , les disputes aussi. Il ignore ce qu’est une fratrie unie comme dans son film; il n’a que des demi-frères.
« Mes frères et moi » est une libre adaptation de la pièce de théâtre » Pourquoi mes frères et moi on est parti » de Hédi Tillette de Clermont- Tonnerre. Yohan Manca avait eu l’occasion de monter et de jouer cette pièce. Toutefois le film est très éloigné de la pièce. Il s’apparente à un album de souvenirs qui distille un sentiment de nostalgie. Les images d’un chez-soi immuable bien que lieu de passage, alternent avec les escapades du jeune Nour et de ses frères.
Nour est interprété par Maël Rouin-Berrandou, il a déjà joué dans des téléfilms. Pour ce film, avant le tournage, il a pris des cours avec un professeur de chant lyrique de manière assez intensive. Parmi les frères on remarquera Sofian Khammes, ami d’enfance du réalisateur. Jusque là on lui avait surtout proposé des rôles de délinquants. Enfin dans le casting n’oublions pas la talentueuse Judith Chemla qui représente la main tendue dont on a besoin dans ces quartiers. Pour la petite histoire Judith a été la compagne du réalisateur. Il l’avait connue , lorsque , chanteuse lyrique, elle interprétait « La Traviata » au théâtre des Bouffes du Nord. Puis en 2007 elle est entrée à la Comédie française et depuis elle continue une carrière à la fois au théâtre et à l’opéra.
Ce film est d’une grande sincérité dans son propos, pétri de bons sentiments… touchants, et il envoie un message positif sur le thème des quartiers défavorisés.
Denise Brunet
Nos âmes d’enfants, de Mike Mills
Nos âmes d’enfants, Mike Mills
Mike Mills est un réalisateur, scénariste et graphiste américain, né en 1966 à Berkeley (Californie).
Il a réalisé de nombreux clips, entre autres pour Moby, Yoko Ono et le groupe Air.
Il a aussi réalisé plusieurs longs métrages et celui-ci vient clore une trilogie consacrée à l’éducation. En effet, en 2006, dans le film Beginners, il a rendu hommage à son père, qui avait déclaré son homosexualité à 75 ans, quelques années avant sa mort. 6ans plus tard, en 2011, il s’est inspiré de sa propre adolescence pour réaliser 20th Century Women, un long-métrage largement autobiographique où la figure maternelle, et plus généralement féminine, devient le symbole de toute une époque. Après le père, puis la mère, c’est la figure de l’enfant qui est au premier plan du film de ce soir.
Si vous avez vu la bande-annonce, vous avez pu voir que le film est tourné dans un noir et blanc très lumineux, un noir et blanc qui n’est pas du tout un retour vers le passé ; mais qui peut peut-être se justifier par la volonté de donner un certain côté documentaire à cette fiction, en lien avec le métier du personnage principal, qui est journaliste. Ce NB donne aussi un côté plus uniforme aux décors, alors que le film est tourné dans 4 villes différentes, comme pour mieux se concentrer sur la relation entre les 2 personnages.
Ce film est donc à la fois un road movie, mais aussi un récit initiatique structuré par l’apparition à l’écran de titres de livres qui constituent les chapitres de l’histoire et donnent un côté littéraire au récit.
Le titre original c’mon, c’mon (= come on, come on), semble annoncer une certaine insouciance, ce qui est assez trompeur car le film n’est pas dénué d’une certaine noirceur liée à l’incompréhension entre l’enfant et le monde des adultes.
Le film alterne des séquences répétées mais aussi des improvisations souvent initiées par l’enfant. Et manifestement, dans ce film sur l’éducation, celui qui apprend, c’est l’adulte, incarné par Joaquin Phoenix.
Joaquin Phoenix est finalement un acteur assez rare : les films dans lesquels il a joués récemment ne sont pas si nombreux (seulement une 12aine dans les années 2010). Son dernier rôle ? : Joker en 2019, et prochainement, il jouera Napoléon dans un film de Ridley Scott. Entre les 2 nous allons donc le découvrir ce soir dans un rôle plus intimiste. Je vous souhaite une bonne soirée en sa compagnie.
Anges, Jeudi 10 Février à 20h30
La pièce rapportée, d’Antonin Peretjatko
LA PIECE RAPPORTEE – 13 janvier 2022 – Présentation Marion Magnard
Antonin PERETJATKO est né à Grenoble en 1974. Sa famille s’installe ensuite à Brest où Antonin fait toute sa scolarité. Déjà passionné de cinéma, il fera partie dès son plus jeune âge de l’atelier vidéo de son patronage brestois. Après son bac, il décide d’aller à Paris préparer un DEUG Physique-chimie qui lui permettra d’intégrer à Saint Denis l’Ecole Louis LUMIERE, créée en 1926 par Louis Lumière pour enseigner les techniques du cinéma. Quand Antonin en sort diplômé, il ne connait personne dans ce monde qui pourrait le pistonner. Il nous raconte : « j’ai vu une porte entr’ouverte, je l’ai poussé du pied et je suis entré ». Il débute au pied de l’échelle, comme « assistant caméra », tourne des courts métrages, puis réussit à obtenir des Commissions spécialisées dans l’accompagnement des projets de leurs anciens élèves de l’Ecole un financement de 400 000 euros pour le tournage de son premier film, « la fille du 14 juillet », un film percutant, fou, décalé, drôle et triste, tout ce qui sera sa marque de fabrique.
Il tourne ensuite « La loi de la jungle », un pastiche tendre de la filmographie de Jean Luc Godard, puis l’inénarrable « Panique au Sénat » où un arbre marche dans le jardin du Luxembourg. Puis il tombe par hasard sur une revue « Bonne Soirée » de 1980 où il lit une nouvelle de Noëlle RENAUDE « il faut un métier ». Il y voit immédiatement toute la mécanique implacable d’un vaudeville. Il va moderniser l’histoire, y ajouter quelques personnages, quelques situations, plus une contrebasse, celle-ci en clin d’œil à une nouvelle de Tchékov qu’il aime particulièrement. Et ce sera « la Pièce rapportée », un puzzle de flashbacks emboîtés, avec la voix off d’un narrateur omniscient « qui apporte quelque chose que ni l’image ni le montage ne peuvent véhiculer », strate supplémentaire qui s’inscrit comiquement en faux sur ce que l’on voit.
Le réalisateur nous explique : « pour l’ordre des scènes, il y a deux méthodes : la construction à la Fritz Lang, chaque plan en appelle un autre, à la façon des dominos, ou celle de John Ford, où les séquences sont autonomes ». Et il nous rapporte que dans un tournage où Ford avait une semaine de retard, il déchire dans le story-board la page d’une séquence et déclare : maintenant on est à l’heure, on peut continuer.
Et il a choisi de mélanger les deux techniques avec des séquences autonomes, mais imbriquées, parfois en avance, parfois en retard sur l’information, avec des accélérations imprévues « pour dynamiser l’histoire ».
Les décors sont très travaillés. Antonin nous précise que sa décoratrice, née dans les quartiers huppés de Paris, a su parfaitement restituer l’ameublement des belles demeures des 7ème et 16ème arrondissements parisiens. Quant aux costumes, ce n’est pas par hasard qu’Ava passe d’une robe légère à un tailleur dont la jupe est si étroite qu’elle peut à peine bouger les jambes…
Et Peretjatko se fait une joie de se livrer à une critique politique : violences sociales et économiques, rapports de pouvoirs, absence totale de scrupules, avec bien sûr des références à l’actualité.
Côté Casting, Josiane Balasko réussit à combiner grande outrance et grande retenue, Anaïs Demoustier est aussi à l’aise derrière son guichet que dans la grande demeure, et la perruque de Philippe Katherine campe son personnage…
Et pourquoi la tour Eiffel ? Le réalisateur vous répond : « vous ne trouvez pas que ce tas de ferrailles surréalistes illustre parfaitement l’ascenseur social ? Vous êtes déjà monté en haut avec les escaliers ? C’est long, très long… »
Films Toiles Emoi Janv/Fev
Ciné-ma différence
Festival Télérama
ATTENTION ! PAS DE FILM « TOILES EMOI » LES SEMAINES DU 22 ET 29 DECEMBRE 2021Politique de confidentialité
La liste des musiques du film est disponible sur ce site: https://www.cinezik.org/critiques/affcritique.php?titre=cest-ca-lamour Pour le générique de fin, je pense que…
J’ai essayé*
C’est ça l’amour a été très émouvant. Les trois personnages principaux sont très justes et émouvants. Vraiment une surprise pour…
Belle surprise ce soir avec « c’est ça l’amour ». Vraiment très émue. Un film à revoir , de beaux personnages et…
Merciiiii. Je viens juste de constater que les messages sont sur le volet de droite sur la page d’accueil!