Archives mensuelles : janvier 2025

Leurs enfants après eux, Ludovic et Zoran Boukherma

Leurs enfants après eux, de Ludovic et Zoran Boukherma

C’est toujours une expérience étrange de lire un livre après avoir vu son adaptation et de voir un film après avoir lu le livre dont il est tiré. C’est pourtant une expérience banale puisque 20% des films de cinéma sont des adaptations de romans.

Nicolas Mathieu, est un auteur vosgien que j’ai découvert dès son premier roman, Aux animaux, la guerre, qui a ensuite été adapté par Alain Tasma sous la forme d’une série TV très réussie.

Leurs enfants après eux est son 2ème ouvrage, pour lequel il a obtenu le prix Goncourt en 2018. L’auteur n’a pas participé à l’adaptation, il considère en effet que ce n’est pas son travail. Mais il a apprécié le fait que les réalisateurs aient le projet d’injecter du romanesque dans son œuvre, en s’inspirant de réalisateurs comme Scorsese ou Paul Thomas Anderson.

Cette adaptation est le 4ème long métrage des jumeaux Boukerma, Zoran et Ludovic, après L’Année du requin que vous avez pu voir ici en 2022. Initialement, l’adaptation devait être réalisée par Gilles Lelouche, qui a finalement préféré se concentrer sur L’Amour ouf, on peut d’ailleurs noter un certain nombre de points communs entre les 2 films: la durée, l’aspect social, un amour contrarié, les ellipses temporelles, sans parler de Gilles Lellouche, lequel n’est donc pas à la réalisation mais dans un second rôle.

L’action du roman se situe donc autour de 4 étés dans une ville nommée Heillange, et qui évoque Hayange, petite ville industrielle de Moselle, dans la vallée de la Fensch, mais alors que le roman fait des incursions dans d’autres territoires, et d’autres saisons, les réalisateurs ont décidé de ne garder que ce qui se déroule dans cette ville, et seulement au cours de ces 4 étés. De même, là où Nicolas Mathieu fait beaucoup de commentaires sociologiques (c’est sa marque de fabrique) les réalisateurs ont choisi de montrer en quelques images la fin de ce monde industriel au lieu de la décrire longuement. Les personnages ont été modifiés aussi : l’adolescent incarné par Paul Kircher, que l’on a vu dans Le règne animal, est plus lunaire que celui du roman ; de même, le père raciste imaginé par Nicolas Mathieu est devenu un alcoolique qui se fait surtout du mal à lui-même.

Au final, Lellouche qui campe ce père affirme qu’il est content d’avoir laissé la place à des gens de cette génération pour adapter ce livre, reste à voir ce que vous en penserez de votre côté ! Et rendez-vous pour le prochain livre de Nicolas Mathieu qui sera adapté au cinéma, il s’agit de Connemara, avec Alex Lutz à la réalisation.

Danièle Mauffrey

Conclave, d’Edward Berger

 

 

CONCLAVE, d’EdWARD BERGER – 2 janvier 2025 – Pres. Marion Magnard

En ce jour du 2 janvier 2025, TOILES-EMOI vous présente tous ses meilleurs vœux, auxquels je me permets d’ajouter un très gros souhait : que la nouvelle année soit pacificatrice, mais malheureusement je crains qu’il ne soit qu’une utopie…

Je me suis proposée pour la présentation du film CONCLAVE d’une part parce que j’avais gardé un bon souvenir d’ Habemus papam, de Nanni Moretti, sorti en 2011, avec l’excellent et regretté Michel Piccoli et d’autre part que j’étais curieuse de découvrir comment le  réalisateur allemand Edward BERGER avait conçu sur le même thème un film qu’on disait tout à fait différent.

Edward BERGER est né en Allemagne de l’Ouest en 1970. Et c’est en Allemagne réunifiée qu’il fait des études de Cinéma. Désireux d’une carrière internationale, il va compléter sa formation à New-York. Il commence ensuite la réalisation par des films et des séries pour les Télévisions anglo-américaines et pour Netflix.

En 2022, il réalise une adaptation d’à l’ouest rien de nouveau, le roman de son compatriote Erich Marie Remarque, film très bien accueilli aux USA où il obtient l’Oscar du meilleur film international. En 2024, il adapte Conclave, le roman de l’écrivain anglais Robert HARRIS. Je me documente donc sur ce roman et là je découvre que nous allons dans le film être plus proches de la Conspiration du Caire de Tarik SALEH que d’Habemus papam.

BERGER a choisi de réaliser un thriller palpitant dans le monde ultra-secret d’une élection au Vatican, avec un scénario diabolique, un film sur la lutte pour le pouvoir au cœur de tous les mondes, qu’ils soient politiques, religieux, ou économiques. Tractations, scandales, mensonges, rebondissements s’enchevètrent, dans la splendide architecture du Vatican. Vous découvrirez comment on vit (et meurt) dans ces lieux et vous admirerez la technique du réalisateur dans les jeux des lignes de fuite et des couleurs. Quant à la musique de Volker Bertelman, elle est en parfaite harmonie avec le scénario.

Pour la distribution, BERGER a choisi les meilleurs des acteurs canadiens, italiens, anglais, américains. Pour ne pas alourdir mon propos, je n’en citerai que deux : Ralph Fiennes magnifique en homme d’Eglise dévoué, intègre mais fatigué, en proie au doute, allant jusqu’au bout de sa tâche ( très différent de son rôle d’affreux nazi dans la liste de Schindler). L’autre acteur , c’est une actrice, Isabella Rossellini, superbe dans son rôle de Sœur Agnès, droite, audacieuse et féministe.

Peut être un Oscar pour CONCLAVE ?