Archives mensuelles : novembre 2024

Juré n° 2, de Clint Eastwood

Juré n°2, Clint Eastwood

On ne présente plus Clint Eastwood qui, du haut de ses 94 ans, sort avec Juré n°2 son 41ème film en tant que réalisateur. On sait qu’il a été, au cours de sa carrière également acteur, mais aussi producteur et compositeur ; par contre il n’est pas scénariste et c’est une certain Jonathan Abrams qui lui a proposé le scénario de Juré n°2, un scénario qui n’est pas sans rappeler celui d’un film français réalisé par Georges Lautner en 1962, donc un avant les Tontons flingueurs. Ce film, avec Bernard Blier dans le rôle principal, racontait l’histoire d’un juré coupable du meurtre pour le procès duquel il siégeait. Mais le scénariste prétend qu’il a eu l’idée de ce scénario en assistant à la sélection des jurés lors d’un procès, au cours de laquelle chacun des jurés cherchait à être dispensée de siéger comme juré, alors que le juge ne voulait rien entendre. Il s’est alors demandé quelle bonne raison pourrait permettre d’obtenir cette dispense, pour arriver à celle du film. Et on verra que cette scène de sélection des jurés est mise en valeur dans le film.

En tout cas, Eastwood a été conquis par le dilemme moral au cœur du film.

Le film a été tourné à Savannah, en Géorgie, comme un précédent film d’Eastwood : Minuit dans le jardin du bien et du mal. L’équipe technique était à la recherche d’un tribunal ancien, elle a trouvé sur place un bâtiment qui convenait de l’extérieur, mais pas de l’intérieur (les anciens tribunaux sont souvent transformés en salle des fêtes), donc les décors de l’intérieur du tribunal ont été reconstitués en studio.

Clint Eastwood adopte, comme toujours, une mise en scène assez classique pour un genre très courant dans le cinéma américain : le film de prétoire. On pensera par exemple à Autopsie d’un meurtre, de Preminger ou 12 hommes en colère de S Lumet . La principale originalité du scénario, c’est que le suspense ne porte pas sur l’identité du coupable, mais sur les problèmes de conscience de plus en plus étouffants du protagoniste, que reflète parfaitement le visage de l’acteur principal, Nicolas Hoult,

Après avoir réalisé plusieurs fins différentes ? Eastwood a finalement choisi une fin très ouverte qui donne lieu à de nombreuses interprétations et laisse le spectateur réfléchir et faire une partie de chemin.

Bonne séance avec ce film que l’on annonce comme probablement le dernier du réalisateur.

 

 

Quand vient l’automne, François Ozon

 

QUAND VIENT L’AUTOMNE – François OZON –   7 /11/24 –                Pres.  Marion Magnard

 

Vous allez voir ce soir le 23ème film de François 0Z0N, beaucoup plus que le 23ème si on compte tous ceux qu’il a tournés à partir de 13 ans avec la super 8 de son père et toute la famille dans le casting. Vous savez qu’il ailme varier ses thèmes, pouvant aller de « 8 femmes » à « Grâce à Dieu » en passant par « tout s’est bien passé » « et été 85 ». Cette fois encore il vous surprendra, en partant dans des directions où vous ne l’attendez pas….

La principale actrice de ce  film, c’est HELENE VINCENT devenue célèbre sous le nom de Mme Le Quesnoy, « Le lundi, c’est ravioli », son personnage de bourgeoise coincée dans « la vie est un long fleuve tranquille ». Alors que qu’elle a joué d’innombrables seconds rôles depuis 1966, avec tous les réalisateurs, c’est avec Quand vient l’automne, qu’elle obtient pour la première fois à 81 ans le rôle principal dans un film.

Elle est née à Paris en 1943, mais très vite, ses parents vont partir dans l’Yonne tenir un hôtel à Auxerre. Ils n’ont pas de temps à consacrer au développement culturel de leur descendance. Hélène est l’aînée de 4 garçpns qui eux n’ont aucune contrainte alors que leur sœur assume toutes les prtites corvées, à la maison et à l’hôtel. Comme elle s’en indigne auprès de sa mère, celle-ci lui rétorque : « Mais tu ne peux pas espérer vivre comme un garçon ? » . Cette injustice la marquera.

La famille revient à Paris et là c’est la nouvelle naissance d‘Hélène. Elle intègre le lycée Louis- le- Grand et son groupe théâtral qui forme une équipe où Hélène découvre la littérature, la musique, le cinéma et surtout le Théâtre. Et dans ce groupe elle rencontre Patrice CHEREAU et Jean-Pierre VINCENT (son futur mari et père de leur fils) à peine plus âgés qu’elle, qui feront tous les trois une remarquable carrière d’acteurs et de réalisateurs au théâtre comme au cinéma.

Elle rit de bon cœur quand elle nous raconte que c’est un directeur de casting qui l’a remarquée dans « Liberté à Brême » de Fassbinder à Avignon en 1986,où elle, jouait une femme libre qui tuet tous les hommes qui prétendent s’opposer à ses projets, et qui l’a chaudement recommandée à Etienne Chatiliez pour La vie est un long fleuve tranquille, « parce qu’elle pouvait absolument tout jouer ».

Et quand on l’interroge sur ce qui lui a plu de son rôle dans le film d’Ozon, elle répond : « sous la doudoune rose, c’est une femme libre, vigoureuse, qui ne joue pas les mamies gâteaux qui fait passer le bonheur des autres avant le sien, et qui nous dit que si on a pris la vie avec élan et appétit, il n’y a pas de raison que ça s’arrête ».

Et maintenant allons retrouver Hélène Vincent avec son amie septuagénaire Josiane Balasko.