Juré n°2, Clint Eastwood
On ne présente plus Clint Eastwood qui, du haut de ses 94 ans, sort avec Juré n°2 son 41ème film en tant que réalisateur. On sait qu’il a été, au cours de sa carrière également acteur, mais aussi producteur et compositeur ; par contre il n’est pas scénariste et c’est une certain Jonathan Abrams qui lui a proposé le scénario de Juré n°2, un scénario qui n’est pas sans rappeler celui d’un film français réalisé par Georges Lautner en 1962, donc un avant les Tontons flingueurs. Ce film, avec Bernard Blier dans le rôle principal, racontait l’histoire d’un juré coupable du meurtre pour le procès duquel il siégeait. Mais le scénariste prétend qu’il a eu l’idée de ce scénario en assistant à la sélection des jurés lors d’un procès, au cours de laquelle chacun des jurés cherchait à être dispensée de siéger comme juré, alors que le juge ne voulait rien entendre. Il s’est alors demandé quelle bonne raison pourrait permettre d’obtenir cette dispense, pour arriver à celle du film. Et on verra que cette scène de sélection des jurés est mise en valeur dans le film.
En tout cas, Eastwood a été conquis par le dilemme moral au cœur du film.
Le film a été tourné à Savannah, en Géorgie, comme un précédent film d’Eastwood : Minuit dans le jardin du bien et du mal. L’équipe technique était à la recherche d’un tribunal ancien, elle a trouvé sur place un bâtiment qui convenait de l’extérieur, mais pas de l’intérieur (les anciens tribunaux sont souvent transformés en salle des fêtes), donc les décors de l’intérieur du tribunal ont été reconstitués en studio.
Clint Eastwood adopte, comme toujours, une mise en scène assez classique pour un genre très courant dans le cinéma américain : le film de prétoire. On pensera par exemple à Autopsie d’un meurtre, de Preminger ou 12 hommes en colère de S Lumet . La principale originalité du scénario, c’est que le suspense ne porte pas sur l’identité du coupable, mais sur les problèmes de conscience de plus en plus étouffants du protagoniste, que reflète parfaitement le visage de l’acteur principal, Nicolas Hoult,
Après avoir réalisé plusieurs fins différentes ? Eastwood a finalement choisi une fin très ouverte qui donne lieu à de nombreuses interprétations et laisse le spectateur réfléchir et faire une partie de chemin.
Bonne séance avec ce film que l’on annonce comme probablement le dernier du réalisateur.